Punkulture (interview)

En parallèle de l’organisation constante de concerts et de festivals en Bretagne et Normandie, d’une production de disques soutenue et l’aide sans faille aux groupes locaux, le label Mass Prod édite désormais un fanzine, Punkulture. Un fanzine qui lui ressemble : curieux, enragé et partisan. Présentation.

En parallèle de l’organisation de concerts et d’événements en Bretagne, d’une production de disques toujours soutenue et l’aide sans faille aux groupes bretons, Mass Prod édite désormais un fanzine : Punkulture. Pourquoi maintenant et pas avant ? 
Vincent : Et bien parce que nous n’avions jamais pensé à cela jusqu’à ce qu’un jour de 2013, Yannick (Vice-Président de l’asso) et Vincent (l’un des créateur de l’asso en 95 et salarié depuis 98) se sont vu frappés par la lumière divine alors qu’ils vidaient tranquillement leur bière. Le dernier numéro de Noise  était posé près d’eux, le sommaire y était cool mais les deux lascars regrettaient quand même ce bon vieux Punk Rawk pour la dixième fois depuis l’arrêt de sa parution. Alors, ni une ni deux, sans se demander si cela était un caprice d’adolescent attardés, ils se sont dit que ce seraient bien sympa de s’y mettre, de sortir un fanzine… Le choix du format s’est fait quelques jours après… Je me permet d’ajouter a ta description de nos activités que nous organisons aussi quelques concerts en Normandie depuis 5 ans.

Quel est le tirage d’un numéro de Punkulture ? Comment se fait la distribution ? 
Chaque numéro est tiré à 1000 copies qui sont distribuées dans les réseaux de chaque participant. Par exemple Marcor en prend pour distribuer sur son stand, Laurent de Bordeaux dans sa ville, la distrib parisienne est aidée par Thierry de Général Strike, etc… Pour la distribution en magasins, nous confions un petit stock à la Coop Breizh qui arrose les disquaires du nord-ouest, comme pour nos disques.

J’ai lu dans le fanzine R.E.S.T. que Punkulture s’écoule à “700 ventes sur un tirage de 1000 exemplaires”. C’est plus qu’honorable. Mais c’est peu au regard de l’importance de la scène punk en France. Peut-on tirer le douloureux constat que les fanzines n’intéressent plus grand monde en France ou que le public va chercher de l’info ailleurs ? Que manque-t-il à Punkulture pour attirer d’autres lecteurs ? 
Oui nous avons en effet divulgué ces chiffres. Nous nous estimions déjà bienheureux et espérons que ce petit article dans Punk Rawk nous permettra d’en diffuser encore 700 du prochain numéro. Les intéressés par l’info du réseau punk ont quasi tous accès à internet, notre plus est de proposer des écrits inédits, rédigés par des passionnés du fanzinat (quasiment tous les participants à Punkulture ont eu leur fanzine dans le passé) et de belles photos.

Le premier numéro m’a donné l’impression d’être avant tout un outil promotionnel au label Mass Prod (ce qui n’est nullement une critique, juste le sentiment que j’ai eu). Puis, au fil des numéros, Punkulture est devenu plus “ouvert”, proposant des articles plus longs et détaillés et un sommaire élargi à toutes les groupes de la scène punk nationale et internationale. La ligne rédactionnelle a-t-elle changé depuis le premier numéro ? 
Oui, très juste, le premier numéro a été réalisé en très peu de temps (3 mois) et par une équipe de deux-trois membres qui ont contactés les groupes du label principalement, ce qui donne un chouette visuel mais manque un peu de fond, alors que dès le second nous avons fait appel à des « vieux » potes en leur proposant de participer à l’aventure en écrivant quelques articles : Olivier de Imodium, Fred de Radio 666, Léo de 442ème Rue, Mumu de Has Been Mental, Régis de Do Or Die, Fabian, Pascale à La Réunion, Doc Beer Beer, Steph et Marylène Deviance, Laurent de L’Oreille Cassée, Zéric de Trauma Social, Thierry REST, Merdier Bordel, Marcor de Aredje, William et Ka Jah WSD, BB Coyotte, Titi, Coco… La plupart n’ont plus le temps ou l’énergie de sortir leur propre fanzine mais sont partants pour participer à Punkulture. Bingo !!! L’équipe rédactionnelle s’est donc affinée, de la à dire que nous avons une ligne directionnelle, c’est chaud quand même, nous restons très artisanal.

Comment définirais-tu le contenu de Punkulture ? Peut-on dire qu’il ressemble à ce que Mass Prod représente et cherche à défendre depuis ses débuts ?
Oui il ressemble à la Mass Prod en effet, son contenu est très varié dans les styles musicaux comme dans la géographie des groupes et scènes présenté(e)s… La différence est que Mass prod produit des groupes actuels uniquement alors que Punkulture est heureux de parler du passé. Dans le prochain numéro nous consacrons pas mal de pages au femmes dans le punk, nous voyagerons en Indonésie, Birmanie et aurons aussi des groupes français des années 80s (Guernica, 13ème Section) comme des groupes actuels (Listix, Stylnox, Gastéropodes Killers)…

Le fanzinat punk est toujours vivace, mais reste confiné aux petits tirages et une diffusion incertaine. Surtout, chaque fanzine se loge dans des niches (musicales ou autres). Au contraire, Punkulture propose un sommaire varié et étendu du punk rock, tous styles confondus. Est-ce une manière de briser les frontières, même celles de la scène punk ?
Oui nous espérons briser quelques frontières, en tout cas éviter dans créer d’inutiles nouvelles. Le sommaire de Punkulture est varié car les membres de l’équipe sont tous différents dans leur goûts musicaux et leur expérience du fanzinat. Le sommaire se construit au fil de nos rencontres et discussions.

Punkulture est ouvert aux contributions. Tout le monde est le bienvenu. Est-ce parce que vous peinez à remplir chaque numéro ou bien est-ce justement un bon moment d’ouvrir le mag à tous les sujets / styles / plumes possibles ? Avez-vous déjà refusé des propositions d’article ou d’interviews ?
Oui nous sommes ouverts aux contributions, mais nous connaissons tous les participants cités ci-dessus depuis tellement longtemps que c’est un jeu de construire le Punkulture chaque année. Le problème pour le prochain numéro est que nous avons beaucoup de matière donc nous allons devoir augmenter le nombre de pages ! Nous n’avons pas refusé d’article pour le moment, chacun prépare son sujet en ayant proposé le titre au préalable.

Publier un fanzine, c’est vouloir partager ses goûts et ses découvertes. Aujourd’hui, il y a les réseaux sociaux pour ça. Quels sont, selon toi, les intérêts d’un support papier ? Proposer une publication en couleur et imprimée sur du papier de qualité était-il important pour valoriser ce média ?
Oui tout comme vous l’avez fait pendant longtemps et refaite cette année, nous sommes vraiment heureux de proposer une brochure couleur, d’autant que nous sommes entourés de très bons photographes. L’intérêt c’est de s’asseoir dans son fauteuil le plus confortable et de déguster, laisser l’ordi quelques dizaines de minutes pour lire.

Toi qui tient souvent de stands disques dans des festivals et des concerts, comment est l’accueil du public vis à vis des fanzines que tu proposes ? Mise en part les aficionados du support, j’ai souvent l’impression que les gens les feuillètent, les trouvent parfois intéressants, mais ne les achètent pas, même si c’est peu cher. Comme si c’était une curiosité ou pire, une chose inutile.
Oulala oui ! Notre stand cartonne bien plus avec les badges et les t-shirts ; ensuite viennent les disques et tu as raison, les fanzines partent peu. Mais ce n’est pas grave nous avons créé le notre et tant que nous arrivons à le distribuer nous continuons, peut-être que nous réduirons le tirage…

Pour terminer, un mot sur Mass Prod : comment se porte la structure, le label ?
L’asso se porte bien dans la mesure ou nous n’avons pas fixé d’objectif de grossir, nous sommes heureux de chaque jour vécu : nous avons un bureau composé des vieux amis, des adhérents fidèles, des groupes géniaux qui enregistrent des albums extras, des assos partenaires qui nous invitent à poser notre stand une trentaine de week-ends dans l’année, quelques lieux (bars et salles) en Bretagne et Normandie qui nous font confiance pour organiser avec nous des concerts (30 soirées en 2017, 23 en 2018), quelques labels avec qui nous nous associons pour les co-prods.

En revanche , il est devenu compliqué de vendre certains disques donc nous limitons les tirages et certains sont fabriqués à seulement 300 copies, la scène punk-ska se perd dans la région et nous avons constatons moins de participants sur certains festivals… Nous essayons de rester positif, au moins pour l’année à venir…

massprod.com/

Pour commander Punkulture, c’est ici.

interview : Frank Frejnik
Interview publiée en partie dans Punk Rawk 2018

Le numéro 5 de Punkulture est paru en décembre 2018. Toutes les infos sur le flyer ci-dessous.